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dimanche 7 février 2010

I) L'origine des supermarchés 1) L'histoire du premier supermarché




Tout d'abord rappelons la définition d'un supermarché: un supermarché est un établissement de vente au détail proposant, en libre-service, des produits alimentaires et de grande consommation. En France, leur surface est comprise entre 400 et 2500m².


Le premier véritable supermarché Français est créé le 15 octobre 1958, et s'étend sur 560m². Cette surface est, pour l'époque, 10 fois la taille d'une épicerie traditionnelle. Les premiers consommateurs Français sont alors surpris par le choix qui s'offre à eux, et par le concept du libre service. Son créateur, Goulet-Turpin, ne sait pas encore qu'il va révolutionner le mode de consommation des Français. Il réadapte en effet le concept des États-Unis, berceau des premiers supermarchés.


Pour l'emplacement de ce supermarché, Jean Goulet fut très minutieux et réalisa une étude. Il retint alors le site de Rueil-Plaine, en banlieue Parisienne. Il avait même recensé le nombre d'habitants, 20741 dans un rayon de 750m autour de l'emplacement. Toujours d'après lui, la définition d'un supermarché de l'époque est: « Un magasin fonctionnant uniquement en libre-service, d’une surface de vente de 200 à 1000 mètres carrés et entouré d’un parking. La ménagère y trouve absolument tout ce qui est nécessaire à l’approvisionnement d’une famille».


Il ne reste plus à Goulet qu'à trouver un nom pour son supermarché: Il décide de le nommer «Express-marché», pour bien insister sur le fait que l'on peut y faire ses courses rapidement.


Les gérants, pour promouvoir leur supermarché, n'ont pas voulu utiliser la presse, car ils n'étaient pas sur de son succès. Mais malgré tout, le succès fut au rendez vous grâce aux spots publicitaires diffusés dans les cinémas.




Le 15 octobre 1958, Goulet-Turpin gagne son pari: le concept a l'approbation de la population, conquise par cette nouveauté. Le chiffre d'affaire est énorme et inattendu, environ 30 millions de francs par mois, car les Français apprécient d'avoir tous les produits réunis au même endroits. C'est alors que le concept des supermarchés décolla, avec la création de nouvelles enseignes partout en France, surtout dans l'Est de la France.




André Haouy ( environ 90 ans aujourd'hui ), dirigeait le premier supermarché. Dans son témoignage, il explique ce qui a fait le succès de ce nouveau genre de consommation:



avez-vous été choisi pour prendre la tête du premier supermarché français ?



En 1958, juste avant l’ouverture de l’Express-Marché de Rueil-Plaine, j’étais instructeur au centre de perfectionnement des gérants de Goulet-Turpin (un succursaliste rémois repris par Promodès en 1979, NDLR). On m’a dit : « Vous êtes fait pour diriger ce magasin.» Ca m’a fait plaisir bien sûr mais j’ai vite été confronté à une foule de problèmes à résoudre. J’étais seul et c’était vraiment une très grande surface pour l’époque. Chez Goulet-Turpin, certains disaient : « 560 m² ça fait beaucoup ; si ça ne marche pas, on en fera un cinéma. » Ce n’était pas très encourageant.



Comment ont réagi les clients ?



Ils ont mis un peu de temps avant de prendre leurs marques. Je me souviens qu’au début, une bonne partie d’entre eux refusaient d’acheter de la viande préemballée. C’était vraiment une révolution à l’époque. Le boucher installé dans le centre commercial nous regardait d’un bon œil. Grâce à nous, il tournait bien. Un rayon trad a été ajouté dans l’Express-Marché quelques années plus tard.




Avez-vous dû revoir certains aménagements ?



Pour les gondoles, j’avais imaginé un système original. Il n’y avait pas d’étagères mais des paniers amovibles qui étaient remplis en réserve. Cela permettait de limiter la gêne pour les clients. Au bout d’un an nous les avons abandonnés. Nous perdions l’effet de masse. Une partie des paniers se trouvait constamment en réserves. Au début, on craignait aussi beaucoup les vols. Pour pouvoir surveiller d’un coup d’œil toute la surface de vente, les gondoles ne dépassaient pas 1 m 50 de haut. Les « bouts de gondole » ne montaient pas bien haut. On superposait deux ou trois paniers ou on empilait quelques boîtes de conserves. Pourtant, chez Goulet-Turpin, certains me disaient : « Tu es fou, tu n’arriveras jamais à vendre tout ça. »




Y avait-il déjà de la musique d’ambiance et des spots de publicité?



Oui mais je voulais de la musique douce, pas trop forte, pour ne pas déranger la clientèle. Pour les réclames, les premières années, il m’arrivait souvent d’enregistrer moi-même les messages publicitaires des grandes marques vendues dans le magasin.


Y-a-t-il une anecdote qui vous a particulièrement marqué?


A Noël 1958, j’ai eu droit à mon premier hold-up. Des gars en cagoule ont débarqué. Ils ont plaqué un de mes employés au sol et ils m’ont mis un revolver sous le nez, un gros calibre. Au début je pensais que c’était un flingue de fête foraine mais lorsqu’on s’est retrouvé devant le coffre-fort, un coup de feu est parti accidentellement. Ils sont ressortis bredouilles ou presque. Ils ont juste pu emporter quelques sacs de monnaie. Le gros de la recette était transféré à la banque voisine par une goulotte percée dans le mur. Je me souviens leur avoir demandé de me laisser juste de quoi faire l’ouverture le lendemain matin. C’était pour donner le change parce que je tremblais quand même un peu.



Propos recueillis le 24 février et le 11 septembre 2006 par F. Carluer-Lossouarn





Propos recueillis le 24 février et le 11 septembre 2006 par F. Carluer-Lossouarn



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